La Pologne a interdit à l’ambassadeur Hongrois d’assister au gala d’investiture de la présidence tournante de l’Union européenne, invoquant un désaccord diplomatique autour de la décision de Budapest d’accorder l’asile politique à un parlementaire polonais en fuite .
L’événement, qui s’est tenu au Grand Théâtre de Varsovie, a marqué le début du mandat de six mois de la Pologne à la tête de la présidence tournante de l’Union européenne.
La décision, annoncée par la vice-ministre des Affaires européennes Magdalena Sobkowiak-Czarnecka, reflète une tension croissante dans les relations entre les deux pays.
Affaire Romanowski : un point d’éclair dans les relations bilatérales
La controverse porte sur la décision de la Hongrie d’accorder l’asile à Marcin Romanowski , ancien vice-ministre de la Justice et actuel député du parti d’opposition nationaliste polonais Droit et Justice (PiS). Romanowski est poursuivi en Pologne pour 11 chefs d’accusation, notamment pour détournement de fonds publics, et fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par un tribunal de Varsovie.
Le refus de la Hongrie d’extrader Romanowski a provoqué une vague d’indignation à Varsovie, les autorités polonaises menaçant de porter l’affaire devant la Cour européenne de justice. Le gouvernement polonais a qualifié les actions de la Hongrie d’« acte hostile », tandis que la Hongrie affirme que les accusations portées contre Romanowski sont motivées par des raisons politiques.
Détérioration des relations polono-hongroises
La question de l’asile a encore érodé une fois de plus ce qui était autrefois une alliance solide entre la Pologne et la Hongrie. Les deux pays, historiquement alignés en raison de leur scepticisme à l’égard du fédéralisme européen et de leurs positions communes sur la politique migratoire, se sont éloignés l’un de l’autre depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
La Pologne, sous le gouvernement centriste pro-européen du Premier ministre Donald Tusk, est devenue l’un des plus fervents soutiens de l’Ukraine. En revanche, la Hongrie, dirigée par Viktor Orbán, a été critiquée pour sa proximité apparente avec Moscou . La visite d’Orbán en Russie et sa rencontre avec le président Vladimir Poutine lors de la récente présidence hongroise de l’UE ont suscité la condamnation de la Pologne et d’autres États membres de l’UE.
Le désaccord diplomatique a été exacerbé par des politiques intérieures contrastées et des positions de l’UE. Le virage de la Pologne vers un programme pro-UE sous Tusk marque une rupture nette avec l’euroscepticisme du précédent gouvernement PiS. Dans le même temps, la rhétorique de la Hongrie sous Orbán est devenue de plus en plus anti-UE, Budapest s’opposant aux sanctions contre la Russie et favorisant des liens plus étroits avec Pékin.
Le contexte de l’UE et les priorités de la Pologne
La décision de la Pologne d’exclure l’ambassadeur hongrois du gala a des implications plus larges sur la dynamique de l’UE. La Hongrie a conclu sa présidence controversée de l’UE en décembre 2024, un mandat marqué par les défis posés par Budapest au consensus européen sur des questions telles que les sanctions contre la Russie et les relations avec la Chine. La direction polonaise du Conseil de l’UE cherche désormais à tracer une voie nettement différente.
Sous le slogan « Sécurité, Europe ! », la Pologne s’est engagée à donner la priorité à la sécurité et à la défense, reflétant ainsi sa volonté de soutenir l’Ukraine et de renforcer la résilience de l’UE face aux menaces extérieures. La décision de Varsovie de prendre une position ferme à l’égard de la Hongrie dans l’affaire Romanowski témoigne de sa volonté de montrer l’exemple en matière de respect de l’État de droit au sein de l’UE.