Il aura fallu plus de 16 mois de crise politique, 36 audiences royales de consultation, des coups de sang, mais surtout beaucoup d’imagination et de patience pour accoucher d’un accord de gouvernement fédéral pour la Belgique.
Même la crise sanitaire inédite que le monde traverse, avec ses répercussions économiques et sociales, n’a pas accéléré les compromis pourtant caractéristiques du système politique belge.
«Habemus imperium » (nous avons un gouvernement) est sur toutes les langues depuis quelques heures, une journée marathon durant laquelle les sept partis de la coalition dite «Vivaldi» se sont mis d’accord sur l’essentiel de leur programme.
La coalition gouvernementale s’est mise d’accord également sur le nom du Premier ministre. Il s’agit du libéral flamand Alexander De Croo (Open VLD).
Dans un bref communiqué aux relents d’un soulagement, le palais royal belge a annoncé que «la prestation de serment du Premier Ministre et des membres du gouvernement aura lieu demain jeudi 1er octobre 2020 à 10h».
La coalition «Vivaldi» comprend outre les libéraux flamands et francophones, les socialistes, les écologistes et le parti centriste CD&V.
«Ce qui semblait impossible, ce qui a mis tant de temps, trop de temps à arriver est un fait: le gouvernement fédéral est formé”, a déclaré le futur Premier ministre lors d’une conférence de presse conjointe avec le co-formateur le socialiste francophone Paul Magnette.
Ce dernier s’est dit profondément soulagé de voir enfin la Belgique se doter d’un gouvernement.
“C’est un profond soulagement que nous attendions depuis maintenant 16 mois d’une crise trop profonde, trop longue, qui a abîmé la confiance de nos citoyens dans la politique”, a-t-il affirmé.
En vertu de l’accord de gouvernement obtenu aux forceps, 3 milliards d’euros seront mobilisés pour des politiques nouvelles durant la prochaine législature. Ce montant inclut 2,3 milliards pour des mesures sociales et 1 milliard pour la sécurité, la justice et la Défense.
Il est en outre question de consacrer 1 milliard d’euros aux nouveaux investissements pour l’informatisation des pouvoirs publics, notamment dans la justice et la sécurité, et pour les chemins de fer.
Un peu plus de 2 milliards d’euros sont prévus pour relever la pension minimale pour une carrière complète à 1.500 euros par mois d’ici la fin de la législature.
Dans le secteur de la santé, la norme de croissance de 2,5% est maintenue, permettant d’alléger la facture des patients. En outre, 1,2 milliard d’euros sera notamment consacré aux investissements dans les soins de santé mentale. Ces montants serviront à améliorer les conditions de travail et les rémunérations et mettre en place des soins supplémentaires. Quelque 4.500 emplois supplémentaires sont annoncés.
Dans le domaine de l’environnement et des énergies, qui constitue l’un des points les plus importants dans les négociations gouvernementales, la coalition Vivaldi s’est accordée sur le maintien de la loi de sortie du nucléaire, cumulée à un objectif de réduction des gaz à effet de serre de 55% sur dix ans, d’ici 2030.