Après de longs mois d’attente éprouvante et lassante, le sens du compromis à la belge aura fini par l’emporter et le plat pays a désormais un gouvernement fédéral de pleins pouvoirs qui sera dirigé par le libéral flamand (Open Vld), Alexander De Croo.
Le nouveau Premier ministre belge, qui n’a pas caché son soulagement de voir la Belgique dotée enfin d’une coalition fédérale après avoir été reçu mardi par le Roi Philippe, concède, toutefois, qu’un travail “énorme” attend son équipe pour relever les défis auxquels est confronté le pays et répondre aux attentes de la population.
Premier Flamand à prendre les rênes du gouvernement fédéral depuis 2011, Alexander De croo, 44 ans, sera attendu au tournant pour mener le navire belge à bon port contre vents et marrés et faire oublier aux Belges les 16 mois écoulés sous le signe de l’enlisement et du blocage politique.
Si d’aucuns affirment que la nomination de M. De Croo a la tête du gouvernement est surprenante vu que ce sont les partis socialiste francophone (PS) et nationaliste flamand (N-VA) qui sont arrivés premiers au scrutin législatif du 26 mai 2019, voir le libéral flamand débarquer à la tête de la nouvelle coalition fédérale est somme toute logique.
Issu de l’Open Vld, un poids lourd du paysage politique belge, très souvent associé aux coalitions gouvernant le pays, Alexander De Croo a déjà une expérience gouvernementale bien accomplie, puisqu’il a occupé depuis 2012 le poste de Vice-Premier ministre fédéral dans trois gouvernements successifs.
Fils de l’homme politique Herman De Croo, figure éminente du parti libéral flamand, plusieurs fois ministre fédéral et ancien président de la Chambre des représentants, le nouveau Premier ministre belge n’était, pourtant pas prédestiné à suivre les traces de son père.
Ingénieur commercial de formation, Alexander De Croo est titulaire d’un master à la VUB (Université néerlandaise de Bruxelles) en 1998 et d’un MBA à l’Université Northwestern dans l’Etat de l’Illinois aux Etats-Unis en 2004.
Après avoir travaillé pendant dix ans en tant que consultant stratégique auprès du Boston Consulting Group, il se lance en 2006 dans le monde de l’entreprise en fondant sa propre société de conseil dans le domaine de la propriété intellectuelle.
Ce n’est qu’en 2009 que M. De Croo fait son entrée dans le monde de la politique en intégrant l’Open Vld et en prenant part aux élections européennes. La même année, il est élu, à seulement 34 ans, président de son parti.
Lors des élections communales du 14 octobre 2012, il est élu bourgmestre de Brakel, en Flandre-Orientale. Quelques jours plus tard, il intègre le gouvernement fédéral mené par le socialiste francophone Elio Di Rupo en tant que Vice-Premier ministre et ministre des Pensions.
Il rempile en 2014 comme Vice-Premier ministre au sein du gouvernement dirigé par le libéral francophone Charles Michel et occupe également le poste de ministre de la Coopération au développement, de l’Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste.
En décembre 2018, suite à la chute du gouvernement Michel à cause du retrait des nationalistes flamands de la N-Va de la coalition fédérale, il devient ministre des Finances, tout en gardant le portefeuille de la Coopération.
Le 23 septembre, il est nommé par le Roi Philippe co-formateur en vue de finaliser les négociations pour la formation du nouveau gouvernement fédéral issu des législatives du 26 mai 2019 avant sa désignation 53ème chef de gouvernement belge.
Parfaitement bilingue, il aura la lourde tache de fédérer néerlandophones et francophones dans un pays où la question linguistico-communautaire occupe une place prépondérante.
Tout fier, le père d’Alexander De Croo a dit de lui qu’il a toutes les qualités pour diriger le prochain gouvernement fédéral, puisqu’”il peut unir les Flamands, les Wallons et les Bruxellois”. “Il n’a pas d’ennemis et peut s’entendre avec tout le monde”, a-t-il renchéri.
Portant longtemps l’étiquette de “fils de” comme son prédécesseur Charles Michel, Alexander de Croo a “dû travailler pour se faire un prénom en politique”, comme l’affirme son père, mais à présent, c’est une mission d’une tout autre ampleur qui l’attend: celle de relancer la Belgique face à une crise sanitaire aux retombées désastreuses, de renforcer l’unité du pays et de préserver la cohésion des deux communautés linguistiques face aux divisions.