La cheffe de l’opposition au Bélarus Svetlana Tikhanovskaïa s’est dite mercredi “satisfaite” de l’ampleur de la grève générale en cours dans son pays malgré une mobilisation limitée sur fond de pressions du pouvoir.
Faute d’avoir obtenu le départ du président Alexandre Loukachenko, réélu en août de façon frauduleuse selon elle, l’opposition a entamé lundi, au lendemain de l’ultimatum qu’elle avait posé, une grève générale.
Lundi, une marche d’opposition, composée principalement d’étudiants et de retraités, a notamment rassemblé près de 3.000 personnes à Minsk. Les autorités ont annoncé l’arrestation de 581 personnes au total, lors d’actions de protestation ce jour-là.
“Je dois dire que, bien sûr, tout peut être amélioré. Nous voulons que tout le pays se soulève pour cette grève générale. Mais nous sommes vraiment honorés et reconnaissants envers chaque personne, chaque travailleur qui a participé à cette grève”, a dit Mme Tikhanovskaïa.
“Je suis satisfaite de tout parce que c’est comme cela que le peuple bélarusse montre (…) qu’il est prêt à lutter contre cette dictature”, a-t-elle dit. “Je ne peux en vouloir à ceux qui n’ont pas trouvé en eux la force de faire grève (…) mais nous les attendons pour qu’ils rejoignent notre mouvement”.
L’opposante a tenu ces propos lors d’une conférence de presse numérique après un entretien, également numérique, avec la cheffe de la diplomatie norvégienne Ine Eriksen Søreide.
Mardi, des actions de solidarité et des débrayages ont de nouveau été signalés par des médias indépendants dans des établissements médicaux, d’enseignement, ainsi que dans des entreprises privées. Selon Tut.by, des ouvriers ont aussi refusé de prendre leur service dans l’usine chimique Grodnoazot, dans l’ouest du Bélarus.
M. Loukachenko a qualifié ces protestations de “menaces terroristes”.
Mme Tikhanovskaïa, qui a, elle, une nouvelle fois qualifié grévistes et manifestants de “héros”, a fait valoir “à quel point la police anti-émeutes est violente”.
“Notre grève n’a pas échoué. Nous continuons notre lutte”, a-t-elle insisté.
L’Etat bélarusse contrôlant une grande partie de l’économie, de précédentes grèves dans des usines emblématiques n’avaient pas duré, face aux intimidations et aux menaces de licenciements.
L’opposition bélarusse exige le départ de M. Loukachenko, 66 ans et au pouvoir depuis 26 ans. Depuis l’élection présidentielle contestée, le mouvement de protestation subit une pression constante des autorités. Dimanche, une nouvelle manifestation monstre a réuni plus de 100.000 personnes dans la capitale.