Ils sont arrivés en France: environ 200 Français et quelques étrangers, rapatriés de Chine pour fuir le coronavirus, ont atterri vendredi sur la base militaire d’Istres et devaient être ensuite confinés deux semaines dans un centre de vacances en bord de mer, à Carry-le-Rouet.
Une douzaine d’heures après leur départ de Wuhan, épicentre de l’épidémie de nouveau coronavirus, les passagers ont applaudi à l’atterrissage sur le sol français peu avant 12H30.
Seule mesure sanitaire pendant le vol: les passagers – parmi lesquels trois journalistes de l’AFP, et dont aucun ne présente de symptôme de la maladie – se sont vus distribuer des masques chirurgicaux, à changer régulièrement.
A leur arrivée, ces rapatriés, en majorité des Français, et quelques étrangers, dont des conjoints chninois de Français, ont été accueillis sur le tarmac par la ministre de la santé Agnès Buzyn. A une dizaine de mètres d’eux, derrière un ruban, elle a assuré qu’elle aurait aimé leur serrer la main, mais que les circonstances l’en empêchaient.
« Nous nous sommes assurés que les conditions d’accueil à Wuhan… à Carry-le-Rouet, seront à la hauteur de votre soulagement », a déclaré la ministre, son lapsus suscitant quelques rires. « Tous les Français vous attendent (…) Reposez-vous, bon retour sur le sol français », leur a-t-elle lancé.
– « Un lieu agréable » –
La ministre a aussi précisé que les visites extérieures seraient interdites lors de leur confinement dans le centre de vacances mais qu’ils pourraient recevoir des colis.
A Carry-le-Rouet, le Club Vacanciel, entouré d’une grande pinède, est situé dans une calanque accessible uniquement par une étroite impasse de la petite station balnéaire de 5.800 habitants, à une trentaine de kilomètres de Marseille. Dès vendredi matin, son accès était interdit par de nombreux gendarmes.
« Le cahier des charges était assez clair, (il fallait) un lieu agréable » et « un endroit où il y avait suffisamment de place », avait souligné jeudi le directeur général de la santé Jérôme Salomon.
Environ 80 réservistes sanitaires, « se relayant par équipes », seront mobilisés au sein du centre, « pour une durée de deux semaines renouvelable une fois », précise un arrêté publié dans la nuit.
Pendant leur période d’isolement, les rapatriés vont faire l’objet d’une surveillance médicale pour s’assurer qu’ils ne sont pas contaminées par le virus. « On va leur demander de prendre leur température, d’avoir un masque ».
Des mesures qui ne rassuraient pas vendredi tous les habitants de Carry-le-Rouet. A deux jours du début du festival des « oursinades », qui selon lui représentent « 1/3 du chiffre d’affaires des commerçants », Cédric Gleyot, en balade sur le bord de mer, peste: « Maintenant c’est le +carrynovirus+! ».
– Second vol –
À ses côtés, son ami qui habite dans une ruelle juste en dessous du centre de vacances, est plus virulent: « Des gens vont être au contact avec eux pour la nourriture, les poubelles. On nous dit qu’on craint rien, mais ils n’en savent rien ».
En France, un sixième cas d’infection au nouveau coronavirus a été détecté, avaient précisé les autorités jeudi: il s’agit du « premier cas annoncé » de contamination sur le sol français, a précisé la Direction générale de la Santé (DGS) à l’AFP. Un « médecin libéral » contaminé en France par une personne ensuite rentrée en Chine, où elle a déclaré la maladie, a précisé le Pr Salomon.
Le médecin a été hospitalisé « en isolement » à Paris et « son état n’inspire pas d’inquiétude », selon le Pr Salomon.
Hormis la Chine, ces cas de contagion directe entre humains ont déjà été observés au Vietnam, en Allemagne, au Japon et aux Etats-Unis.
ardi, la Commission européenne avait indiqué qu’un second vol de rapatriement était prévu « plus tard dans la semaine », afin d’évacuer d’autres Français et des ressortissants d’autres pays européens.
Pour l’heure, le nombre de patients contaminés est monté à près de 10.000 en Chine continentale (hors Hong Kong) et 213 patients sont morts. Une centaine de malades ont été répertoriés dans une vingtaine d’autres pays et aucun patient n’est mort hors de Chine.
La compagnie Air France a suspendu tous ses vols réguliers à destination et en provenance de Chine continentale jusqu’au 9 février. Le défilé du Nouvel An chinois prévu dimanche à Paris a été reporté au printemps.
« Nous sommes dans la vigilance la plus extrême », a affirmé le président de la République Emmanuel Macron.
AFP