Le système des Nations Unies est uni dans son soutien aux efforts africains pour faire progresser la paix, la prospérité et les droits de l’homme sur tout le continent, a déclaré samedi le Secrétaire général de l’ONU en marge du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba.
« Le partenariat stratégique entre l’Union africaine et les Nations unies revêt une importance énorme pour le monde » a ajouté António Guterres lors d’une conférence de presse, affirmant la solidarité de l’ONU.
Il a exhorté la communauté internationale à reconnaitre le besoin d’opérations africaines de paix et de lutte anti-terroriste, appuyées par des mandats du Conseil de Sécurité avec des financements prévisibles et garantis .
Résoudre les crises en Libye et au Sahel
Le chef de l’ONU s’est dit totalement déterminé à renforcer la coopération institutionnelle sur la crise libyenne, le Sahel et « partout où cela est nécessaire ».
Selon lui, le chaos en Libye « s’aggrave et n’aurait pas pu se produire sans la complicité directe des membres de la communauté internationale ».
« Nous devons aider les pays du Sahel et du lac Tchad à relever une multitude de défis, qu’il s’agisse de la crise climatique, du désespoir économique et de l’exclusion ou de l’extrémisme et des effets croissants de l’instabilité en Libye », a précisé M. Guterres.
Le chef de l’ONU s’est dit très encouragé par la récente réunion au Congo Brazzaville. Il a porté son plein soutien à l’organisation d’une réunion de réconciliation intra-libyenne en Afrique.
« Seule une solution politique apportera la paix », a martelé M. Guterres.
Le Secrétaire général a ajouté que la Mission des Nations Unies à Tripoli est prête à recevoir une représentation de l’Union africaine dans ses locaux et souhaitait que les points focaux de l’Union africaine puissent participer à tous les groupes de travail intra-Libyens, en particulier ceux prévus par la conférence de Berlin.
Lutte contre le terrorisme
« Le terrorisme en Afrique n’est pas une menace [seulement] pour l’Afrique, le terrorisme en Afrique est une menace globale », a soutenu M.Guterres, ajoutant qu’il était du devoir de tout le monde de montrer un solidarité effective avec les états Africains qui sont en première ligne de ce combat.
« Il faut la communauté internationale reconnaisse le besoin d’opérations africaines de paix et de lutte anti-terroriste, appuyées par des mandats sous le chapitre VII du Conseil de Sécurité et avec des financements prévisibles garantis par les contributions obligatoires », a-t-il affirmé.
C’est évident pour le G5 Sahel aujourd’hui mais aussi pour la plus large coalition qu’il faut bâtir pour vaincre le terrorisme en Afrique, a continué M.Guterres.
Des signes d’espoir
« Il existe des signes d’espoir », a déclaré M.Guterres, citant les conflits évités l’année dernière à la suite des élections en République démocratique du Congo, à Madagascar et au Mali, l’accord de paix en cours de mise en œuvre en République centrafricaine et la mise en place d’un gouvernement de transition au Soudan.
« Ces avancées montrent qu’il est possible d’agir et doivent être soutenues sans relâche par la communauté internationale», a précisé le Secrétaire général, soulignant qu’il est temps de retirer le Soudan de la liste des États qui soutiennent le terrorisme et de mobiliser un appui international massif pour permettre au Soudan de surmonter ses défis.
« Faire taire les armes » pour la paix et le développement
Selon le chef de l’ONU le partenariat stratégique ONU-UA se renforce et devient de plus en plus dynamique, notamment en matière de droits humains, d’égalité des sexes, du changement climatique et du développement durable – qui sont au cœur du plan de l’Agenda 2063 pour le continent dirigé par l’UA, mais aussi en ce qui concerne l’initiative phare de l’UA « Faire taire les armes » qui est au cœur du Sommet cette année.
Cette initiative ambitieuse vise à mettre fin aux guerres, aux conflits civils, à la violence sexiste et à la prévention des génocides sur le continent.
Le Secrétaire général a appelé à bâtir sur les succès africains, telle la réalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine.
« Nous avons besoin d’une mondialisation équitable, afin que l’Afrique ne souffre plus de règles commerciales et financières injustes, de subventions et autres politiques et de distorsions du marché qui perpétuent les inégalités et rendent plus difficile la compétitivité et la prospérité de l’Afrique », a déclaré M. Guterres.
Le climat, et les essaims de criquets
Le Secrétaire général a également souligné les effets néfastes de la crise climatique sur la paix, la prospérité et le développement de l’Afrique, établissant un lien avec les essaims de criquets pèlerins qui sévissent actuellement en Éthiopie et en Afrique de l’Est.
« Des mers plus chaudes signifient davantage de cyclones générant un terrain propice à la reproduction des criquets », a déclaré le Secrétaire général, soulignant l’ampleur biblique de la crise actuelle avec des essaims de la taille des grandes villes.
« La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) nous dit qu’un essaim de la taille de Paris consommera, en un jour, autant de nourriture que la moitié de la population française », a expliqué le chef de l’ONU, avant d’exprimer sa solidarité avec les personnes et les communautés touchées.
« Les Nations unies ont lancé un appel urgent à l’aide. Je demande à la communauté internationale de répondre avec rapidité et générosité afin d’assurer une réponse efficace et de contrôler l’infestation tant que nous en avons encore la possibilité », a dit M. Guterres.