A Paris, l’élection municipale va se jouer entre une maire sortante qui veut y croire, une enfant terrible de la droite qui crée la surprise, un macroniste… ou plutôt, non, deux macronistes qui partent en ordre dispersé et un écologiste qui espère tirer son épingle du jeu.
Anne Hidalgo, Rachida Dati, Benjamin Griveaux, Cédric Villani, David Belliard sont en lice et l’élection est encore ouverte. Le dernier mois s’annonce plein de suspense.
La campagne ne fait que commencer. Et c’est Anne Hidalgo, la maire sortante, qui a été la dernière à se déclarer officiellement candidate à la tête de la liste « Paris en commun ». Mais elle est prête au combat et a déclaré après avoir présenté son programme il y a une semaine : « Je suis engagée et concentrée. »
Anne Hidalgo ne veut pas apparaître trop sûre d’elle, même si les sondages la placent en tête. Avec 24 % d’intentions de vote, elle est en effet largement en-dessous de son score au même moment en 2014 (environ 34%). Et derrière elle, il y a beaucoup de concurrents. À commencer par Rachida Dati.
Malgré les divisions dans la droite parisienne où certains maires sortants ne veulent pas la soutenir, la candidate Les Républicains a réalisé un bon début de campagne. C’est ce que constate Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l’Ifop : « Elle parvient à faire revenir dans le giron de la droite des électeurs entre guillemets « perdus ». Pour autant, en dépit de cette dynamique, le score de Rachida Dati, entre 19 et 20 %, est encore assez éloigné du score de 35 % qui avait permis à Nathalie Kosciusko Morizet d’émerger en tête en 2014. »
Dans ce contexte, le débat télévisé qui doit avoir lieu avant le premier tour et auquel Rachida Dati a finalement accepté de participer pourrait être décisif. C’est en tout cas ce qu’espère son principal challenger Benjamin Griveaux qui le réclamait à cor et à cri.
Villani, le « caillou » dans la chaussure de Griveaux
Le candidat En Marche espère, en effet, rattraper son retard. Benjamin Griveaux qui a été empêtré dans sa guerre interne avec le dissident Cédric Villani veut tourner la page et fait mine de ne plus s’inquiéter de ce caillou dans sa chaussure : « C’était un caillou mais ça devient un gravillon parce qu’en fait on avance, on va pouvoir parler projet et un peu moins des personnes ». Mais pour Frédéric Dabi, cette situation a perturbé la donne : « La dissidence de Cédric Villani pénalise fortement Benjamin Griveaux qui a un risque, c’est de voir ses électeurs venus de la droite qui jouaient la carte Macron pour sortir Anne Hidalgo revenir vers les Républicains avec Rachida Dati ».
L’enjeu pour Benjamin Griveaux, c’est donc de convaincre qu’il est le meilleur pour battre Anne Hidalgo. C’est sa stratégie pour tenter de conquérir Paris. La socialiste est sa cible. Il multiplie les attaques contre elle : « Les Parisiens, ils nous disent quoi ? Les deux tiers d’entre eux souhaitent un changement à la ville de Paris. Mon seul sujet, c’est de dire que Madame Hidalgo ne doit pas échapper au bilan qui est le sien, qui est un mauvais bilan. On vit moins bien à Paris aujourd’hui qu’il y a six ans. »
Dans le camp de la maire sortante, le premier adjoint d’Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire, accepte le match et rend les coups : « Pourquoi je critique beaucoup Benjamin Griveaux, c’est qu’il est le candidat du cynisme et de l’incohérence. D’un côté, il dit qu’il est pour le vélo. Quand il est face à des gens qui sont pro-bagnoles, il est pro-bagnoles… Le « en même temps » d’En Marche à Paris vire au grand n’importe quoi ».
RFI