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Le «financier» présumé du génocide au Rwanda arrêté près de Paris

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Félicien Kabuga, considéré comme le « financier » du génocide au Rwanda qui fit au moins 800 000 morts en 1994 d’après l’ONU, a été arrêté dans la matinée de ce samedi 16 mai près de Paris. Le parquet général indique qu’il résidait à Asnières-sur-Seine sous une fausse identité.

À l’issue d’une opération menée dès l’aube du samedi 16 mai en banlieue parisienne, Félicien Kabuga, 84 ans, a été arrêté. Son arrestation est le fruit d’une longue enquête selon le parquet de Paris. Une enquête menée par l’office français centrale de lutte contre les crimes contre l’humanité en collaboration avec la police fédérale belge et la police londonienne.

L’homme d’affaires, considéré comme le « financier » du génocide mené au Rwanda contre les Tutsis en 1994 et dans lequel au moins 800 000 personnes ont perdu la vie selon les chiffres des Nations unies, était activement recherché par la justice internationale depuis 25 ans. Les États-Unis avaient même promis une récompense pouvant aller jusqu’à cinq millions de dollars pour sa capture.

« Il résidait sous une fausse identité dans un appartement d’Asnières-sur-Seine, grâce à une mécanique bien rodée et avec la complicité de ses enfants », indique le parquet général de Paris dans un communiqué.

Président de la funeste Radio des mille-collines

L’homme d’affaire est considéré comme l’architecte financier du génocide. Proche du pouvoir, il était membre de l’Akazu, un cercle d’homme influent dirigé par la femme de l’ex-président rwandais, Agathe Habyarimana. Félicien Kabuga est accusé d’avoir formé des milices responsables de massacres au Rwanda : les milices Interahamwe.

Il présidait la Radio télévision libre des mille-collines (RTLM), qui diffusa des appels aux meurtres des Tutsi, et le Fonds de défense nationale (FDN) qui collectait « des fonds » destinés à financer la logistique et les armes des miliciens hutu Interahamwe, selon l’acte d’accusation du TPIR.

« Un signe très important »

Après cette arrestation, Serge Brammertz, le procureur du mécanisme international de La Haye a rapidement réagi en rappelant que toutes les personnes suspectées d’avoir eu un rôle dans ce génocide devront être jugées.

Human Rights Watch salue avec l’arrestation de Félicien Kabuga « un pas important vers la justice pour des centaines de milliers de victimes du génocide ». Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme cette arrestation montre que les survivants « peuvent espérer voir de la justice même 26 ans après les faits, et que les suspects ne peuvent espérer échapper à leurs responsabilités ».

Jean Damascène Bizimana, secrétaire exécutif de la Commission nationale de lutte contre le génocide, salue cette arrestation, ainsi que la coopération des autorités françaises :

« C’est une réaction de satisfaction. Parce que je sais que Félicien Kabuga est  l’un des principaux meneurs du génocide commis contre les Tutsis. Et vu qu’il est arrêté pendant la période des 100 jours de commémoration du génocide commis contre les Tutsis, vingt-six ans après les faits, c’est pour nous un moment de satisfaction qui montre que le génocide est un crime imprescriptible. C’est un pas que nous saluons pour l’honneur et la mémoire des victimes. Nous saluons aussi le fait que la France a été coopérative, la police française et les institutions qui étaient chargées de sa poursuite. »

« C’est un signe très important, même si nous avons attendu longtemps, assure de son côté le président d’Ibuka, la principale association de rescapés. Cela montre que la justice fonctionne et que la France commence à faire des efforts significatifs pour faciliter de telles arrestations. »

Des questions sur sa cavale

Le bureau du procureur assure en tout cas dans un tweet que le Rwanda va continuer à collaborer avec le mécanisme pour les tribunaux internationaux, qui a pris la suite du Tribunal pénal international pour le Rwanda, afin que justice soit rendue.

RFI

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