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Affaire Gui Minhai: la Suède juge son ex-ambassadrice à Pékin

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Le procès de l’ex-ambassadrice de Suède à Pékin, jugée pour avoir «outrepassé ses prérogatives» en tentant de négocier avec de mystérieux intermédiaires la libération en Chine de l’éditeur Gui Minhai, s’est ouvert ce vendredi à Stockholm.

Le procès se poursuivra jusqu’au 22 juin.

Anna Lindstedt, en poste à Pékin à partir de 2016, est accusée d’avoir organisé en janvier 2019 à Stockholm une rencontre entre la fille de l’éditeur suédois d’origine chinoise et des «hommes d’affaires» disant avoir des contacts avec le pouvoir chinois pour aider à obtenir la libération de son père. Cela se serait fait en sa présence et à l’insu de sa hiérarchie, selon la chancellerie, qui dénonce une pratique illégale.

Dans cette affaire, la diplomate, poursuivie pour «négociations arbitraires avec une puissance étrangère», a «outrepassé ses prérogatives», avait indiqué en décembre dans un communiqué le procureur en charge du dossier, Hans Ihrman.

L’ancienne ambassadrice de Suède au Vietnam et au Mexique, et envoyée spéciale du royaume lors de la Conférence de Paris en 2015, clame son innocence. Selon la télévision publique suédoise SVT, elle assure avoir averti sa hiérarchie.

Elle encourt jusqu’à deux ans de prison. En attendant la décision de justice, elle reste fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères sans affectation.

C’est la première fois depuis plus de 200 ans que la Suède juge l’un de ses ambassadeurs, selon les médias locaux.Gui Minhai, un Suédois d’origine chinoise de 56 ans, publiait dans une maison d’édition de Hong Kong des livres au contenu salace sur les dirigeants chinois.

Condamné une première fois en 2015 en Chine pour une affaire de droit commun, il a été condamné à dix ans de prison par un tribunal de Ningbo en février 2020 pour avoir «illégalement diffusé à l’étranger des informations classées», sans que la Justice chinoise ne précise lesquelles. Son entourage dénonce des poursuites à caractère politique.

– «Se tenir tranquille» –

Sa fille Angela Gui, très active dans les médias pour plaider sa libération, a parlé en février 2019 sur son blog d’une «étrange expérience» lorsqu’Anna Lindstedt l’a invitée à Stockholm.

Selon elle, la diplomate l’avait conviée courant janvier dans la capitale suédoise afin de rencontrer des «hommes d’affaires» ayant des contacts dans la sphère du pouvoir chinois.

Lors de discussions dans les salons d’un grand hôtel, en présence de l’ambassadrice, ces derniers auraient affirmé avoir «des relations au sein du Parti communiste» au pouvoir en Chine, et assuré pouvoir faire libérer l’éditeur. En échange, ils auraient demandé à Angela Gui de «se tenir tranquille».

La Säpo, l’agence suédoise de renseignement intérieur et d’antiterrorisme, avait rapidement ouvert une enquête préliminaire à l’encontre d’Anna Lindstedt.

La diplomatie suédoise affirme n’avoir rien su de cet entretien, et n’avoir pas même été au courant de la présence de son ambassadrice à Stockholm.

L’ex-ambassadrice s’est abstenue depuis de toute déclaration publique. Un certain nombre de collègues diplomates se sont toutefois ralliés à sa cause.

En février, 21 anciens ambassadeurs l’ont défendue dans les colonnes le quotidien Dagens Nyheter, soutenant l’idée qu’elle avait agi dans la limite de ses droits et de son rôle d’ambassadrice.

La diplomatie chinoise s’est tenue à distance de l’affaire. L’ambassade à Stockholm avait indiqué dans un communiqué que Pékin n’avait «jamais autorisé et n’autoriserait jamais personne à entrer en contact avec la fille de Gui Minhai».

AFP

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