Les Vingt-Sept se sont accordés jeudi pour accélérer les préparatifs du Brexit et poursuivre les discussions avec Londres. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a exigé du Royaume-Uni qu’il applique l’accord de retrait.
e blocage des négociations sur le Brexit était au cœur du sommet européen, jeudi à Bruxelles. Après un débat intense et ultra-confidentiel, les Vingt-Sept ont appelé le Royaume-Uni à « avancer dans les négociations » en cours sur l’accord commercial et de coopération censé régler leur relation future. Plusieurs questions restent en suspens, en particulier la pêche, les conditions de concurrence et le règlement des différends.
« Nous ferons tout ce que nous pourrons, mais pas à n’importe quel prix« , a déclaré Michel Barnier, le chef négociateur de l’UE. « Je poursuivrai d’intenses négociations dans les semaines à venir ».
« Nous demandons aux Britanniques d’avancer dans les négociations« , a insisté le président du Conseil européen, Charles Michel, exigeant du Royaume-Uni « de la clarté dès que ce sera possible ». « Concernant l’accord de retrait et ses protocoles, ils doivent être appliqués en entier. Point final », a martelé l’ancien Premier ministre belge.
David Frost, le négociateur britannique, a réagi sur Twitter, se disant « déçu » par le sommet et « surpris que l’EU ne s’engage plus à travailler de manière intensive ».
Les négociations dans l’impasse
Le Premier ministre Alexander De Croo a plaidé pour un accord « le plus large possible », incluant les intérêts des pêcheurs et des entreprises belges. « Les conditions ne sont pas remplies, il est possible qu’il n’y ait pas d’accord. Nous y sommes préparés », a averti le président français Emmanuel Macron.
La France, la Belgique et d’autres pays voisins du Royaume-Uni veulent garantir à leurs pêcheurs un accès aux eaux britanniques et sont prêts à des ouvertures dans ce domaine. « Nous savons bien que nous devrons faire un effort, mais cet effort devra être raisonnable et protéger l’industrie de pêche européenne« , a indiqué Michel Barnier. L’UE pourrait offrir à Londres l’entrée dans certains secteurs de l’énergie ou du marché unique.
Les Vingt-Sept se sont mis d’accord pour prolonger les négociations avec le Royaume-Uni « de deux ou trois semaines » et accélérer les préparatifs pour le Brexit. « La solidarité et l’unité prévalent entre eux. Ils sont prêts à négocier », confie un haut fonctionnaire européen, « néanmoins, ils ont demandé à la Commission de se préparer à un ‘no deal’. Sans cet accord, de graves perturbations sont à prévoir. »
Les discussions lors du sommet étaient ultra-confidentielles. Charles Michel a demandé aux dirigeants de remettre leurs téléphones avant d’aborder le Brexit pour éviter tout espionnage.
Les prochaines 24 heures seront décisives. Le Premier ministre Boris Johnson, qui espérait un accord pour le 15 octobre, a affirmé qu’il déciderait de poursuivre ou non ces négociations après le sommet.
Aggravation de la pandémie
Un autre sujet brûlant: l’aggravation de la pandémie de Covid-19, a également été abordée. Coup de théâtre, la présidente de la Commission a dû quitter le sommet, un de ses collaborateurs ayant été testé positif.
Les États européens ont étalé leur manque de cohésion lors du confinement au printemps. La Commission et le président du Conseil les ont appelé jeudi à mieux se coordonner. Mais les débats n’ont pas laissé entrevoir d’amélioration.
Les dirigeants européens ont discuté de l’objectif climatique de neutralité carbone d’ici 2050, sans entrer dans les négociations.
Sanctions contre la Russie
L’UE a sanctionné 6 proches du président russe Vladimir Poutine pour l’empoisonnement de l’opposant Alexeï Navalny au Novitchok, un agent neurotoxique. Un avertissement à peine voilé à la Turquie, qui risque de graves sanctions économiques pour ses provocations en Méditerranée.
L’Echo