Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a présenté jeudi ses dix priorités pour l’année 2021 lors d’une réunion informelle avec les Etats membres des Nations Unies. Après une année de tragédie et de péril, il les a exhortés à passer à la vitesse supérieure en 2021 et à remettre le monde sur la bonne voie.
« 2020 a été une année de mort, de désastre et de désespoir ». C’est par ce sombre bilan que le Secrétaire général a commencé sa présentation devant les Etats membres.
Et la liste est longue : la pandémie de Covid-19 a fait 2 millions de morts et 500 millions d’emploi ont disparu; l’extrême pauvreté, les inégalités, la faim sont en hausse ; la crise climatique fait rage ; la biodiversité s’effondre ; les besoins humanitaires se multiplient ; les déplacements forcés ont atteint des niveaux records ; le risque de prolifération nucléaire et chimique s’accroît ; les droits humains régressent ; et les discours de haine sont en plein essor.
Face à cette situation, António Guterres appelle le monde à passer à la vitesse supérieure en 2021 et à remettre la planète sur la bonne voie.
Parmi ses dix priorités pour l’année à venir, la première priorité est de faire face à la pandémie de Covid-19 et notamment de faire en sorte que les vaccins soient disponibles pour toutes et pour tous, à un coût abordable.
« Les vaccins sont rapidement acheminés vers une poignée de pays, alors
que les pays les plus pauvres ne reçoivent rien. La science réussit,
mais la solidarité échoue », a noté le Secrétaire général.
« Il est impossible de triompher de la Covid-19 pays par pays. Si on laisse le virus se propager dans le monde du Sud comme une traînée de poudre, il ne manquera pas de muter, deviendra plus contagieux, plus létal et, en fin de compte, plus résistant aux vaccins, et il finira par revenir s’abattre sur les pays du Nord », a-t-il ajouté. « Dans un monde où certains ont des vaccins et d’autres non, il n’y a qu’un seul vainqueur : le virus ».
Deuxième priorité, il faut aider les économies qui restent sous perfusion à se relever. Un relèvement qui doit être inclusif et durable avec des investissements massifs dans les systèmes de santé.
Faire la paix avec la nature
La troisième priorité du Secrétaire général est la nécessité de faire la paix avec la nature. Il appelle notamment à continuer à bâtir la coalition mondiale pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050.
« Je demande à chaque ville, à chaque entreprise, à chaque institution financière d’adopter des plans concrets assortis d’échéances intermédiaires clairement définies, en vue de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050 », a dit le chef de l’ONU. « Les grands secteurs comme le transport maritime, l’aviation, l’industrie et l’agriculture doivent faire de même ».
Selon M. Guterres, « il faut sans plus tarder fixer le prix du carbone, cesser de construire des centrales à charbon, et faire disparaître le charbon dans les pays de l’OCDE d’ici 2030 et partout ailleurs d’ici 2040 ».
Il a appelé également à faire preuve d’une solidarité particulière à l’égard des petits États insulaires en développement. « Certains sont menacés dans leur existence même – de notre vivant, leurs territoires pourraient disparaître. Nous ne devons pas permettre que des États membres périssent à cause d’un problème que nous avons le pouvoir de régler », a-t-il dit.
La quatrième priorité du chef de l’ONU est de combattre la propagation de la pauvreté et des inégalités et sa cinquième priorité est de renverser la tendance marquée par l’attaque en règle dont font l’objet les droits humains.
« Je salue le nouvel élan de lutte pour la justice raciale que nous voyons aujourd’hui à travers le monde. Les inégalités raciales gangrènent les institutions, les structures sociales et notre quotidien. Nous devons faire front commun face à la montée du néonazisme et du suprématisme blanc », a dit le Secrétaire général.
Réaliser l’égalité des genres
Sa sixième priorité est la réalisation de l’égalité des genres : « la Covid-19 a mis en évidence ce que l’on ignore trop souvent. Les femmes sont des travailleuses essentielles qui font vivre les autres ».
Selon lui, le leadership et la représentation égale des femmes est la clé du changement dont le monde a besoin. « Il est temps de changer les vieilles structures et d’abandonner les vieux modèles. Si l’économie formelle fonctionne, c’est seulement parce qu’elle est subventionnée par le travail de soins non-rémunéré des femmes », a-t-il déclaré.
La septième priorité du chef de l’ONU pour 2021 est de remédier aux divergences géopolitiques et de trouver des terrains d’entente. Selon lui, pour faire face aux menaces qui pèsent aujourd’hui sur la paix et la sécurité, il est indispensable de retrouver le bon sens.
« Nous devons éviter qu’une grande fracture ne sépare le monde en deux. Pour cela, nous devons œuvrer à préserver une économie mondiale unifiée, à maintenir un seul Internet sûr et ouvert, à assurer la cybersécurité et à faire respecter le droit international et les règles acceptées et appliquées par tous », a-t-il déclaré.
« Tout dysfonctionnement dans les relations entre grandes puissances ouvre une brèche dont peuvent profiter les agitateurs. Et les agitateurs travaillent à déclencher et à entretenir les conflits. Il est impossible de régler les problèmes les plus graves si les pays les plus puissants s’opposent », a-t-il ajouté.
Sa huitième priorité est de remettre sur pied le régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, qui connaît une véritable érosion et sa neuvième priorité est de tirer parti des possibilités offertes par les technologies numériques tout en se prémunissant des dangers de plus en plus grands qu’elles présentent.
Enfin la dixième priorité du Secrétaire général est de procéder à un nouveau départ pour le XXIe siècle. « Il nous faut renforcer et repenser de fond en comble notre gouvernance des biens communs mondiaux essentiels que sont non seulement la santé publique, mais aussi la paix et notre milieu naturel », a-t-il dit.
António Guterres a rappelé que les crises favorisent le changement. Après une année horrible, 2021 peut être « l’année des possibilités et de l’espoir », a-t-il conclu.