Le Parlement européen a exprimé dans sa résolution de sérieuses inquiétudes quant à l’évolution de la situation en Hongrie, à la lumière de la prochaine présidence hongroise du Conseil de l’UE.
À la suite d’un débat en plénière mercredi 30 mai sur la situation de l’État de droit et des droits fondamentaux en Hongrie et le gel des fonds de l’UE, le texte a été adopté jeudi 01 juin par 442 voix pour, 144 contre et 33 abstentions.
Les députés ont exprimé à plusieurs reprises leurs préoccupations quant à l’état des valeurs de l’UE en Hongrie, qui se sont encore détériorées en raison des « efforts délibérés et systématiques du gouvernement » et malgré l’activation par le Parlement du mécanisme de l’article 7.
Leurs dernières préoccupations concernent l’adoption de lois sans contrôle parlementaire suffisant et sans consultation publique, ainsi que l’invocation abusive de « l’état de danger », l’utilisation abusive de la protection des lanceurs d’alerte pour saper les droits et la liberté d’expression des LGBTIQ+, et la violation des droits sociaux et du travail des enseignants.
La résolution condamne les campagnes anti-européennes du gouvernement hongrois, qui visent à détourner l’attention du non-respect des valeurs européennes et de la corruption systémique.
Les députés exhortent le gouvernement à mettre les élections en conformité avec les normes internationales, en particulier à la lumière des prochaines élections européennes de 2024.
Ils tirent également la sonnette d’alarme sur les informations faisant état d’intimidations, telles que les visites de la police secrète dans les bureaux de certaines entreprises, de parties « stratégiques » de l’industrie, dans le but de les placer sous le contrôle du cercle proche du Premier ministre.
Le budget annuel 2022 a été modifié 95 fois par décret gouvernemental, soulignent-ils, ce qui a empêché un examen approprié et révèle un manque de bonne gestion financière.
Le Parlement soulève également toute une série de préoccupations concernant les fonds de relance gelés et les réformes correspondantes.
Le Parlement souligne le rôle important que joue la présidence du Conseil dans la promotion de la législation, la continuité de l’agenda de l’UE et la représentation du Conseil dans les relations avec les autres institutions.
Il se demande comment la Hongrie sera en mesure de remplir cette tâche de manière crédible en 2024, compte tenu de son non-respect du droit et des valeurs de l’UE, ainsi que du principe de coopération loyale. Par conséquent, il demande au Conseil de trouver une solution et rappelle que le Parlement pourrait prendre des mesures appropriées si une telle solution n’est pas trouvée.
En adoptant cette résolution, le Parlement répond aux attentes des citoyens de faire respecter systématiquement l’état de droit dans tous les pays de l’UE, notamment en protégeant les valeurs européennes et le budget de l’UE, comme le prévoient les propositions 25, paragraphe 1, 45, paragraphe 4, 16, paragraphe 6, et 38, paragraphe 1, des conclusions de la conférence sur l’avenir de l’Europe.
La rapporteure permanente du Parlement pour la Hongrie, Gwendoline Delbos-Corfield (Verts/ALE, FR), a déclaré: « Une fois de plus, le Parlement est uni pour exprimer sa profonde préoccupation face à la détérioration de la situation de l’État de droit en Hongrie. Débloquer les fonds gelés à ce stade donnerait carte blanche au Fidesz pour poursuivre ses attaques contre les droits fondamentaux. Il est temps que le Conseil se demande si un État membre dans le cadre de la procédure de l’article 7 peut assurer de manière crédible la présidence de l’UE« .