La décision du président, Abdelmadjid Tebboune, d’accorder la priorité à ce dossier s’explique par le fait que ce conflit armé – qui oppose le gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, et le gouvernement rival de Tobrouk – a évolué en guerre par procuration. La Libye est en effet devenue un terrain d’affrontement entre des acteurs régionaux et internationaux qui risque de plonger l’ex-Jamahiriya dans le chaos et de déstabiliser durablement l’Afrique du Nord.
L’Algérie tente de reprendre de l’initiative au niveau diplomatique, domaine dans lequel elle s’est faite jusque-là discrète en raison d’abord de la longue maladie de l’ex-président Bouteflika, et ensuite de sa crise politique interne. Une éclipse suivie d’une sorte de déclassement diplomatique de l’Algérie. Cet état de fait sera d’ailleurs confirmé par la non-invitation de l’Algérie, en décembre dernier, par l’Allemagne à la conférence internationale de Berlin sur la Libye.
La première décision des nouvelles autorités algériennes consiste donc à redevenir un acteur agissant et écouté dans le dossier complexe de la crise libyenne, surtout que le conflit a lieu dans un pays avec lequel l’Algérie partage une frontière de près de 1000 kilomètres. Autant dire que la Libye est pour l’Algérie une question de politique interne.
Les visites, hier à Alger, du président du conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale libyen (GNA), Fayez Al Serraj, du ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Taher Siala, et son collègue de l’Intérieur, Fathi Bachagha, suivie de celle du chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavusoglu, traduisent, selon certains observateurs, une volonté de rattraper le temps perdu et surtout d’éviter de se retrouver à nouveau hors jeu dans sur un dossier aussi important. L’urgent aujourd’hui pour l’Algérie est de contribuer à remettre sur les rails un plan de règlement politique et pacifique de la crise libyenne.
Chaos et menace terroriste
La décision de Abdelmadjid Tebboune d’accorder la priorité à ce dossier s’explique par le fait que ce conflit armé – qui oppose le gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, et le gouvernement rival de Tobrouk – a évolué en guerre par procuration.
La Libye est en effet devenue un terrain d’affrontement entre des acteurs régionaux et internationaux – parmi lesquels l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, la Russie, la France, le Qatar, l’Italie et la Turquie -– qui risque de plonger l’ex-Jamahiriya dans le chaos et de déstabiliser durablement l’Afrique du Nord. De l’avis de nombreux spécialistes, l’offensive militaire menée depuis avril dernier par les troupes de Khalifa Haftar contre Tripoli dans le but de renverser le GNA a déjà permis une réorganisation des groupes terroristes locaux. Un conflit prolongé peut transformer la Libye en base arrière du terrorisme.
Source : El Watan